Issue
Agronomie
Volume 20, Number 2, March 2000
Page(s) 175 - 195
DOI https://doi.org/10.1051/agro:2000118
DOI: 10.1051/agro:2000118

Agronomie 20 (2000) 175-195

Typologie des bilans d'azote de divers types d'exploitation agricole: recherche d'indicateurs de fonctionnement

Jean-Claude Simona - Carlo Grignanib - Alain Jacqueta - Louis Le Correc - Jérome Pagèsd

aUnité Associée INRA de Physiologie et Biochimie Végétales, Université de Caen, Esplanade de la Paix, 14032 Caen Cedex, France
bDipartemento di Agronomia, Selvicoltura e Gestione del territorio, Università di Torino, 44 via L. da Vinci, 10095 Grugliasco, Italie
cStation d'Agronomie de Quimper, 4 rue Stang Vihan, 29000 Quimper, France
dEcole Nationale Supérieure Agronomique de Rennes, 65 rue de Saint Brieuc, 35042 Rennes Cedex, France

(Reçu le 6 mai 1999 ; révisé le 3 décembre 1999 ; accepté le 16 décembre 1999)

Résumé:

Suite à un travail d'enquête s'appuyant sur la méthode du bilan apparent de l'azote à l'échelle de l'exploitation agricole, les entrées et les sorties d'azote inhérentes aux transactions commerciales de l'agriculteur ont pu être analysées dans 555 fermes de France et du Nord de l'Italie. Cette méthode qui assimile l'exploitation à une boîte noire, prend également en compte les entrées d'azote par la fixation symbiotique. Elle n'intègre ni les entrées par les dépôts atmosphériques, ni les sorties par volatilisation, dénitrification et lixiviation, d'où le qualificatif de bilan " apparent ". L'étude a permis de préciser les excédents d'azote et leurs principales sources de variation pour 11 grands types de systèmes de production agricole : grandes cultures, exploitations avec ateliers hors sol, élevages bovins, exploitations mixtes de polyculture-élevage. Les fermes de grande culture présentent les surplus d'azote les plus faibles (en moyenne 50 kg.N.ha-1.an-1), les fermes orientées vers la production bovine de lait ou de viande, des valeurs intermédiaires (30 à 250 kg.N.ha-1.an-1) et les exploitations intensives avec ateliers hors sol, les excédents les plus élevés (250 à plus de 500 kg.N.ha-1.an-1). En règle générale, il apparaît que dans les exploitations présentant les soldes les plus faibles (< 200 kg.N.ha-1.an-1), l'excédent d'azote est étroitement lié au niveau des entrées par les achats d'engrais minéraux. Pour celles présentant les surplus les plus élevés (> 200 kg.N.ha-1.an-1), l'excédent est fortement dépendant des entrées d'azote par les aliments destinés à l'alimentation animale. Deux types d'exploitations se distinguent nettement : celles orientées vers la production végétale où les indices d'efficacité et de conversion de l'azote en produits utiles sont en moyenne élevés (72 %) et celles spécialisées en production animale où ces indices sont plus faibles (22 à 44 %), ces dernières mobilisant des quantités très variables d'azote mais en exportant peu. Contrairement aux exploitations où le type de production est lié à une surface où le gaspillage d'azote augmente avec le surplus, les exploitations avec ateliers hors sol gaspillent d'autant moins d'azote que l'excédent est élevé. La forte variabilité des excédents d'azote et des indices d'efficacité, de conversion et de gaspillage suggère que dans de nombreuses situations, il est possible de diminuer le risque pour l'environnement d'une exploitation sans remise en cause majeure du système de production.


Mots clé : Azote / bilan / exploitation / excédents / variabilité

Abstract:

Typology of nitrogen balances on a farm scale: research of operating indicators. A farm survey based on the method of the nitrogen apparent balance at the farm scale quantified the nitrogen inputs and outputs due to the farm commercial transactions. A total of 555 farms, partly situated in France and partly in north-west Italy, was analyzed. This method considers the farm as a "black box" and also takes the nitrogen fixation into account. However, nitrogen input due to atmospheric deposition, or nitrogen losses due to volatilisation, denitrification or leaching are disregarded: this is the reason why it is called "apparent balance". The study quantified the excess of nitrogen and its most important sources of variation in 11 important types of farm production systems including stockless farming, crop-less intensive rearing, forage crop-livestock integrated farming systems, mixed farming with livestock. The surplus of N was smaller in the stockless farming system (50 kg.N.ha-1.y-1, on average), intermediate in dairy cow or beef breeding farms (from 30 to 250 kg.ha-1), and higher in intensive stocking systems where forage was not produced in the farm (from 250 to 500 kg.ha-1, or even more). In general, where the apparent N surplus was small ( $< 200~{\rm kg.ha}^{-1}$) the excess of N was mainly caused by the purchase of mineral fertilizers, while in farms with a high surplus ( $>200~{\rm
kg.ha}^{-1}$) the N surplus was highly dependent on N input of purchased animal feedstuffs. Two groups of farming systems were clearly identified: one was oriented to crop production and was characterized by a favourable N efficiency or N conversion (72%); the other one was oriented to livestock production, with very variable N fluxes, but little outputs, and was characterized by lower values (22-44%). The very large variability in N surplus and in indicators (N efficiency, N conversion and N losses) suggests that in many situations it should be possible to reduce the environmental impact of a farm without drastic changes in the production system.


Keywords: Nitrogen / balance / farm / surplus / variability

Correspondance et tirés à part : Jean-Claude Simon
jcsimon@ibba.unicaen.fr

Communiqué par Emmanuel Frossard (Lindau, Switzerland)

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